C'est aux heures les plus tardives qu'on dit les choses les plus intimes.
Calée dans mon lit, seule, mon ipod retrouvé, le thème de 28 jours/semaines plus tard en boucle, je me dis que la nuit pourrait m'apporter ce dont je manque le plus en ce moment : le temps de prendre l'inspiration.
Mon disque dur remarche, j'ai récupéré une grosse partie d'A retardement et il ne me reste plus qu'à tout retaper dans l'ordre, et boucler le roman. Quelque chose d'incohérent manque dans mon écriture depuis que je suis installée à Brest : le manque de sentiments. Ici tout es vierge, inconnu, inexploré. Là-bas je m'armais de toute ma rancoeur, toute ma jalousie, tous mes sentiments refoulés, tous mes souvenirs et tellement plus encore; pour en faire une arme. Combattre les maux par les mots. Tellement facile et pourtant tellement vrai.
Je repense à tout ce qu'il y a eu là-bas, tout ce qu'il n'y a pas eu là-bas. Mon enfermement au monde pendant des mois et des mois. Le nez plongé dans un livre pour ne pas voir la réalité en face. Une chanson dans les oreilles pour ne pas écouter le monde tourner. Je me suis blindée aux autres trop tard.
Aujourd'hui, je suis stable. J'ai perdu une certaine folie qui me manque pour écrire. Je ne suis plus Violette. Je suis une copie d'une copie d'une copie.
Je voudrais aller de l'avant, foncer quitte à me prendre un mur et pourtant, quelque chose me terrifie à quelques dizaines de kilomètres d'ici. Des prénoms qu'on redoute, un coeur qui bat à tout rompre à la moindre allusion. Quelque chose qui m'empêche de totalement tourner la page.
Je me souviens de tout. Chaque visage rencontrée, chaque pièce dans laquelle je suis rentrée, tous ces sons et toutes ces images. Je commence seulement et enfin à accepter des choses qui se sont passés il y a cinq ans de ça. Je me souviens de chaque prénom, de chaque odeur. J'accepte mon enfance. J'accepte mon adolescence. Le collège et la seconde. Mais je ne peux accepter les deux dernières années de ma vie. Décisives. Où tout a pris une nouvelle direction. Tout est devenu nouveau, mieux. Tout marchait à l'envers. J'étais une timide maladive, aujourd'hui je suis tout le contraire.
Je me souviens des murs de cette école. Je me souviens des élèves. Des surnoms. De la solitude et des larmes.
Je me souviens des couloirs de ce collège. Le gout du garçon aimé qui part en Ecosse et que j'ai cherché pendant cinq ans. De l'acharnement et des larmes.
Je me souviens de mon entrée au lycée. Premier jour et premier regard porté sur moi. Un garçon avec un sweat Motorhead.
Et je ne me souviens plus de rien après, parce que tout a changé. Tout s'est retrouvé sans dessus-dessous en l'espace d'un été et de deux personnes. Puis un été suivant, comment tout est devenu parfait. Des visages et des noms. Des secrets qu'on me cachait et que je savais.
Et puis, plus rien. Juste le noir total. Des fragments de souvenirs. Comme une chaine cryptée. Et le décodeur qu'on ne prendra pas.
La peur d'affronter ça. Affronter ça seule. Ne pas me battre avec mes petits poings mais ma conscience et mes souvenirs.
Et c'est bien là que je trébuche.
Je pourrais arrêter de tout déballer mais je n'ai pas le courage de retourner au roman. Je pourrais raconter n'importe quoi pour ne pas prendre mes responsabilités.
La peur de tourner la page et accepter ses erreurs. La fuite, instantanée et probablement longue. Quelqu'un qu'on cherche dans la nuit, dans le brouillard. Quelqu'un à qui parler. Quelqu'un qui tend la main.
Mais ils sont tous partis. Personne n'est resté. Ou peut-être que c'est moi qui ne suis pas restée.
Alors quoi? What is the point à tout ça?
Je ne sais pas. Sûrement pas des explications. Encore moins des excuses. Peut-être rien. Peut-être juste l'envie de l'écrire, de dire "fuck that" à tous ceux qui sont partis, tous ceux qui ont fui. Tous ceux qui n'ont jamais prononcé les bons mots. Tous ceux qu'ils ne les ont même jamais prononcé.
Et à force d'écrire tout ça, je me rends compte qu'il est dur d'avoir un gros trou dans le coeur.
Un vide.
Pleurer en silence pour ne gêner personne.
Il est quatre heures du matin, et je réalise que je ne dormirai pas de la nuit. Pas tant que je n'aurai réussi à accorder mes violons.
Calée dans mon lit, seule, mon ipod retrouvé, le thème de 28 jours/semaines plus tard en boucle, je me dis que la nuit pourrait m'apporter ce dont je manque le plus en ce moment : le temps de prendre l'inspiration.
Mon disque dur remarche, j'ai récupéré une grosse partie d'A retardement et il ne me reste plus qu'à tout retaper dans l'ordre, et boucler le roman. Quelque chose d'incohérent manque dans mon écriture depuis que je suis installée à Brest : le manque de sentiments. Ici tout es vierge, inconnu, inexploré. Là-bas je m'armais de toute ma rancoeur, toute ma jalousie, tous mes sentiments refoulés, tous mes souvenirs et tellement plus encore; pour en faire une arme. Combattre les maux par les mots. Tellement facile et pourtant tellement vrai.
Je repense à tout ce qu'il y a eu là-bas, tout ce qu'il n'y a pas eu là-bas. Mon enfermement au monde pendant des mois et des mois. Le nez plongé dans un livre pour ne pas voir la réalité en face. Une chanson dans les oreilles pour ne pas écouter le monde tourner. Je me suis blindée aux autres trop tard.
Aujourd'hui, je suis stable. J'ai perdu une certaine folie qui me manque pour écrire. Je ne suis plus Violette. Je suis une copie d'une copie d'une copie.
Je voudrais aller de l'avant, foncer quitte à me prendre un mur et pourtant, quelque chose me terrifie à quelques dizaines de kilomètres d'ici. Des prénoms qu'on redoute, un coeur qui bat à tout rompre à la moindre allusion. Quelque chose qui m'empêche de totalement tourner la page.
Je me souviens de tout. Chaque visage rencontrée, chaque pièce dans laquelle je suis rentrée, tous ces sons et toutes ces images. Je commence seulement et enfin à accepter des choses qui se sont passés il y a cinq ans de ça. Je me souviens de chaque prénom, de chaque odeur. J'accepte mon enfance. J'accepte mon adolescence. Le collège et la seconde. Mais je ne peux accepter les deux dernières années de ma vie. Décisives. Où tout a pris une nouvelle direction. Tout est devenu nouveau, mieux. Tout marchait à l'envers. J'étais une timide maladive, aujourd'hui je suis tout le contraire.
Je me souviens des murs de cette école. Je me souviens des élèves. Des surnoms. De la solitude et des larmes.
Je me souviens des couloirs de ce collège. Le gout du garçon aimé qui part en Ecosse et que j'ai cherché pendant cinq ans. De l'acharnement et des larmes.
Je me souviens de mon entrée au lycée. Premier jour et premier regard porté sur moi. Un garçon avec un sweat Motorhead.
Et je ne me souviens plus de rien après, parce que tout a changé. Tout s'est retrouvé sans dessus-dessous en l'espace d'un été et de deux personnes. Puis un été suivant, comment tout est devenu parfait. Des visages et des noms. Des secrets qu'on me cachait et que je savais.
Et puis, plus rien. Juste le noir total. Des fragments de souvenirs. Comme une chaine cryptée. Et le décodeur qu'on ne prendra pas.
La peur d'affronter ça. Affronter ça seule. Ne pas me battre avec mes petits poings mais ma conscience et mes souvenirs.
Et c'est bien là que je trébuche.
Je pourrais arrêter de tout déballer mais je n'ai pas le courage de retourner au roman. Je pourrais raconter n'importe quoi pour ne pas prendre mes responsabilités.
La peur de tourner la page et accepter ses erreurs. La fuite, instantanée et probablement longue. Quelqu'un qu'on cherche dans la nuit, dans le brouillard. Quelqu'un à qui parler. Quelqu'un qui tend la main.
Mais ils sont tous partis. Personne n'est resté. Ou peut-être que c'est moi qui ne suis pas restée.
Alors quoi? What is the point à tout ça?
Je ne sais pas. Sûrement pas des explications. Encore moins des excuses. Peut-être rien. Peut-être juste l'envie de l'écrire, de dire "fuck that" à tous ceux qui sont partis, tous ceux qui ont fui. Tous ceux qui n'ont jamais prononcé les bons mots. Tous ceux qu'ils ne les ont même jamais prononcé.
Et à force d'écrire tout ça, je me rends compte qu'il est dur d'avoir un gros trou dans le coeur.
Un vide.
Pleurer en silence pour ne gêner personne.
Il est quatre heures du matin, et je réalise que je ne dormirai pas de la nuit. Pas tant que je n'aurai réussi à accorder mes violons.
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